La femme racine | Cristina Arribas González

-I-

Fille de mes yeux

Où es-tu, je ne te vois plus

Tu es là, dans les détails, dans l’immense

Dans l’amour que je te porte,

Fille de mes yeux


*Niña de mis ojos

Dónde estás que no te veo

Ahí en las pequeñas cosas y en las grandes

En el amor que te profeso,

Niña de mis ojos


-II-

Je t’ai laissé derrière 

Avec les chevaux, avec les fils du passé

Avec l’exil de nos rendez-vous manqués

Je l’ai fait pour me protéger

De cet amour qu’on nous a volé en silence

Laisse-moi dans ce calme

Entourée des mots qui sont restés

Je te confierai au mystère

De la bête et de sa lignée


*Te dejé atrás

Con los caballos, con los hilos del pasado

Con el exilio de nuestros encuentros fallidos

Lo hice para protegerme

De ese amor que nos fue arrebatado en silencio

Déjame en esta calma

Rodeada de las palabras que quedaron

Te confiaré al misterio

De la bestia y de su linaje



-III-

J’ai toujours voulu être femme

Seule

Entourée de présences et de passages

Mais seule

Détachée de cette Racine

Faire de moi une patrie


*Siempre he querido ser una mujer

Sola

Rodeada de presencias y de pasos

Pero sola

Desprendida de esa Raíz

Hacer de mí una patria 



-IV-

J’en ai assez de te voir t’éloigner,

De te laisser partir, de ne rien retenir.

J’ai déjà bien trop à porter :

Moi,

Et cet horizon sans fin.

Mais maintenant, soyons deux,

Mon félin d’amour,

Ma douce boule de velours,

Mon noir aux prunelles sombres,

Mon souffle léger, mon ombre.

Je ne te laisserai plus fuir,

Car sans toi,

Je ne sais plus ce qu’est l’amour.

Sans toi.


*Ya estoy cansada de verte alejarte,

De dejarte partir, de no retener nada.

Ya cargo con demasiado:

Conmigo misma,

Y con este horizonte sin fin.

Pero ahora, seamos dos,

Mi felino de amor,

Mi dulce bola de terciopelo,

Mi negro de pupilas oscuras,

Mi respiro leve, mi sombra.

Ya no te dejaré huir,

Porque sin ti,

Ya no sé lo que es el amor.

Sin ti.



-V-

Pour que le temps n'efface rien

Dans le silence où tout s’éloigne,

Je conserve des éclats de mémoire,

Visages, voix, parfums,

Que l’oubli n’ose contempler.

Le vent emporte ce qui tremble,

Les lieux, les mots, les amours,

Mais moi, je murmure et recueille en secret

Les instants tombés du temps.


*Para que el tiempo no borre nada

En el silencio donde todo se aleja,

Guardo destellos de memoria,

Rostros, voces, esencias,

Que el olvido no se atreve a mirar.

El viento se lleva lo que tiembla,

Los lugares, las palabras, los amores,

Pero yo susurro, a solas reúno

Los instantes caídos del tiempo.



-VI-

Langage en éclats d’essai/Voix qui cherche sa forme

Je ne suis qu’un verre vide, d’eau oubliée,

Où l’âme cherche à se cristalliser.

Je ne suis pas parure ni bijou.

Je suis.

Je ne suis qu’un verre vide, empli d’absence,

Où l’on pourrait me cristalliser, en silence.

Je ne suis pas non plus un ornement

Je suis.

Je suis

peut-être

ce verre —

vide d’eau,

plein d’attente.

Dedans :

cristaux à naître,

ou à taire.

Je ne décore rien.

Je pulse.

Je suis.


*Lenguaje en fragmentos de intento / Voz que busca su forma

No soy más que un vaso vacío, de agua olvidada,

donde el alma intenta cristalizarse.

No soy adorno ni joya.

Soy.

No soy más que un vaso vacío, lleno de ausencia,

donde podrían cristalizarme, en silencio.

Tampoco soy un ornamento.

Soy.

Soy

quizá

ese vaso —

vacío de agua,

lleno de espera.

Dentro:

cristales por nacer,

o por callar.

No adorno nada.

Palpito.

Soy.





Comentarios

Publicar un comentario